Une femme là-dessous by Charles Williams

Auteur:Charles Williams [Williams, Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Google: ksu1mgEACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1964-02-14T23:00:00+00:00

CHAPITRE XI

Je m’efforçai de ne pas révéler, par mon expression ou ma voix, la gêne que j’éprouvais.

— Parfait, dis-je.

Douce mère de Dieu, était-il bête à ce point ? Il fallait qu’il s’échappe. Pas tout de suite, mais quand nous aurions déterré le magot. Mais, me dis-je pour me rassurer, je ne lui ai pas encore donné la clé des champs ; il saisira l’occasion quand je la lui offrirai. Je brûlais les étapes et j’espérais trop de ce bonhomme. Il n’avait pas songé à se sauver jusqu’à présent, parce que je ne lui en avais tout simplement pas laissé l’occasion. Lorsque je lui donnerais le feu vert et lui ferais comprendre à quel point la fuite était facile, il s’arrangerait bien pour se tailler. C’était couru.

— Oh ! Il faut être fou pour s’amuser avec le F.B.I., poursuivit-il sentencieusement. Vous avez bien réussi à arrêter des gars comme Dillinger, Kelly la Mitraillette et Karpis…

C’était un fanatique du F.B.I. Les G-men étaient ses héros. J’avais ouvert ma grande gueule et ça n’avait pas arrangé les choses.

— Et quand vous m’avez expliqué comment vous vous y étiez pris pour m’attraper… (Il s’interrompit et poussa un soupir.) Pour sûr que non, monsieur Ward. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je ne vous ferai pas d’histoires.

« Tu as été formidable, Godwin. Tu t’es dépassé. Vas-y et raconte-lui tes autres exploits. Explique-lui tes savantes déductions. Ne sois pas timide. Sers-lui un autre épisode de l’histoire de Godwin, l’astucieux et inexorable chasseur d’hommes, et tu n’arriveras seulement pas à le faire filer en lui flanquant des coups de revolver. »

Ma foi, il fallait inventer quelque chose. Il fallait l’affranchir avant qu’on déterre le magot, et il fallait que ça marche. Toute la suite en dépendait.

— Très bien. Allons-y, dis-je. Montrez-moi le chemin. Et n’oubliez pas que je suis derrière vous et que je suis armé.

— Entendu, monsieur, dit-il.

L’après-midi tirait vers sa fin et les ombres s’allongeaient dans la clairière. Nous nous enfonçâmes dans les bois en direction du nord, mais en nous éloignant insensiblement du lac.

— C’est par ici que Haig est enterré ? demandai-je.

— Non, monsieur, fit-il en tendant le bras vers la droite. Par ici. Pas très loin de cette route, à quinze cents mètres de ce côté-ci de la nationale.

— Ma foi, on ne s’occupera pas de lui aujourd’hui. On vous ramènera sur les lieux demain ou après-demain et vous nous indiquerez où il est. Le procureur de l’État sera là, ainsi que le coroner.

— Qu’est-ce qu’ils pourront y faire, maintenant ? demanda-t-il en poursuivant sa route sans se retourner. Ça fait plus de dix-huit mois.

— Probablement pas grand-chose. Bien entendu, si vous avez tiré sur lui et que la balle ait brisé un os, ça se verra. Ou si vous lui avez fendu le crâne.

— Mais je n’ai rien fait, monsieur Ward. Je vous dis la vérité. J’étais en train de chasser des écureuils et j’ai vu tous ces oiseaux autour…

— Ils s’étaient déjà attaqués à lui ?

— Non. Ils se posaient dans les arbres.

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